Page:Augier - Théatre complet, tome 1.djvu/25

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Clinias.

Fais un partage égal entre nous.Un partage ?
Que la chose aille avec cette simplicité ?
Que vous avez mon bien sans l’avoir acheté ?
Non pas.

Cléon.

Non pas.Trouves-tu donc si peu de récompense
À faire des heureux ? et la reconnaissance…

Clinias.

La vôtre est ambiguë, et, sans être exigeant,
Je n’en aurais pas là, je crois, pour mon argent.
Gardez-en pour ailleurs l’incertaine monnaie :
Moi, je veux être sûr du plaisir que je paie.

Paris.

Quel plaisir est-ce donc que tenir en suspens ?…

Clinias.

Celui, mes bons amis, de rire à vos dépens.
Car imaginez-vous rien de plus ridicule
Que de vieux écoliers rendus à la férule,
Forcés, quoi qu’ils en aient, et malgré leur dépit,
D’applaudir un tendron des sottises qu’il dit,
Et, pour en conquérir les faveurs disputées,
Ramenant au combat leurs grâces éreintées ?

Paris.

Et tu crois que je vais te servir de bouffon ?

Clinias.

J’en suis sûr. Mais attends pour me connaître à fond.
Je me promets de vous un plus grave spectacle ;
Je veux que, rencontrant l’un dans l’autre un obstacle,
Tous deux âpres au gain, sur la proie acharnés,