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Page:Augier - Théatre complet, tome 1.djvu/289

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Julien.

Est-ce un reproche ? Non. — Sans doute je voudrais
Te voir prendre une part à tous mes intérêts,
T’inquiéter un peu comment vont mes affaires,
Et si pour ton bonheur mes efforts sont prospères ;
Mais ce n’est pas ta faute, et le mal n’est pas grand,
En somme, que cela te soit indifférent.

Gabrielle.

Mais avouez qu’aussi vous ne m’en parlez guères.

Julien.

Que veux-tu ? je t’ai vue à ces détails vulgaires
Bâiller de si bon cœur, que j’ai fait le serment
De ne t’induire plus en pareil bâillement.

Gabrielle.

J’ai toujours eu l’esprit si rempli de paresse !
Mais j’avais tort. Il faut que cela m’intéresse,
Puisque le seul travail que nos faibles cerveaux
Puissent faire ici-bas, est d’aimer vos travaux,
Et que nous ne comptons dans notre vie oisive
Pour tout événement que ce qui vous arrive.
Entretenez-moi donc de tous vos intérêts,
Et si je bâille un peu, j’écoute à cela près.

Elle se rassied.
Julien.

Je la saisis au vol cette bonne pensée !
Elle va sur-le-champ être récompensée.

Il s’assied près d’elle.

Sache que nous marchons, que nous roulons plutôt
Sur le rude chemin de fortune au grand trot :
J’ai quinze mille francs chez Lassusse ; dix mille
Chez Blanche, hypothéqués sur sa maison de ville ;