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Page:Augier - Théatre complet, tome 1.djvu/291

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Gabrielle, à part.

Hélas ! il croit m’aimer… Quelle dérision !
Quand il ne va songeant qu’à son ambition !
Il m’aime ! il dit qu’il m’aime ! — Ô nature immortelle,
Pénétrantes senteurs de la feuille nouvelle,
Tranquillité des champs au soleil prosternés,
Est-ce là cet amour dont vous m’entretenez ?
Heureuse !… s’il en est une entre mes compagnes,
Celle qui peut marcher à travers les campagnes,
Appuyant tout son cœur sur un bras bien aimé,
Selon le rêve ardent qu’elle s’était formé !
Nous partirions le soir, à cette heure sereine
Où l’ombre et le silence ont apaisé la plaine ;
Nous irions… quel bonheur ! moi pendue à son bras,
Lui sur mon pas plus lent ralentissant son pas,
Et tous deux regardant tomber la nuit immense
Nous nous enivrerions d’amour et de silence !

Julien.

Gabrielle !

Gabrielle.

Gabrielle ! Plaît-il ?

Julien, se levant.

Gabrielle ! Plaît-il ? Hors chez nous, où voit-on
Chemise de mari n’avoir pas un bouton ?

Gabrielle.

Ah ! — Mettez une épingle.

Julien.

Ah ! — Mettez une épingle.Il faut que je te gronde ;
Mon linge est dans l’état le plus piteux du monde.

Gabrielle.

Bien. — Je ferai venir une femme demain.