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Page:Augier - Théatre complet, tome 1.djvu/314

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Adrienne, assise sur le canapé avec Gabrielle.

Et qui ne rougirait mis à pareille épreuve ?

Julien.

Ne vous en plaignez pas : trois fois heureux l’amant
Qui perd son appétit et rougit aisément.

Tamponet, à part.

Il me fait frissonner.

Julien.

Il me fait frissonner.Dieu sait, dans ma jeunesse,
Tout ce qu’il m’a fallu d’éloquence et d’adresse
Pour me justifier près de mainte beauté
Du sauvage appétit dont j’étais affecté !
En vain je maudissais ma faim malencontreuse,
Il fallait dévorer devant mon amoureuse,
Et faire sous ses yeux, à mon corps défendant,
Les grimaces qu’on fait à chaque coup de dent.

Tamponet.

Simple homme ! Demandez à monsieur la recette
Qu’emploient les amoureux pour se mettre à la diète :
Il suffit d’arriver à table tout repu.

Stéphane.

Je ne vous savais pas, Monsieur, si corrompu.

Julien.

Ne vous y trompez pas : cet oncle vénérable
Avant le mariage était un rusé diable…
Il mangeait à huis clos.

Tamponet.

Il mangeait à huis clos.Il se moque de moi,
Ma femme.