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Page:Augier - Théatre complet, tome 1.djvu/317

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Mais on fait ce qu’on peut, et, dans ces temps moroses,
C’est sur un plat parquet qu’on ramasse les roses.

Tamponet.

Oui, tout se racornit, hélas ! de jour en jour :
Désintéressement, honneur, courage, amour !
La jeunesse devient pédante et compassée ;
On voit de beaux garçons à mine retroussée,
Qui jadis eussent fait de hardis spadassins,
Avocats aujourd’hui, banquiers ou médecins.
À part.
Attrape !

Stéphane.

Attrape ! Je voudrais pour beaucoup que mon père
Vous entendît traiter son temps de la manière !
Figurez-vous, Monsieur, que ce père exigeant
Ne peut pas une fois m’envoyer de l’argent
Sans y joindre l’avis qu’en son temps, un jeune homme,
Pour le vivre et l’habit prudemment économe,
Sur cent écus par mois donnés par ses parents
Aurait mis de côté trois ou quatre cents francs.

Adrienne.

Tandis qu’à consulter, je gage, vos tablettes,
Vous n’avez jamais mis de côté que des dettes ?

Julien.

Le temps des étourdis n’est pas mort tout entier,
Mon oncle ; il a laissé du moins un héritier :
Le voilà ! Ce garçon qui parfois se figure
Être fait pour entrer dans la magistrature,
S’est battu l’autre jour…

Gabrielle.

S’est battu l’autre jour.Ô ciel !