Page:Augier - Théatre complet, tome 1.djvu/333

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Eh bien, consolez-vous de sa mauvaise foi,
Car elle aura produit l’effet contraire en moi.

Stéphane.

De grâce… Ma conduite est toute naturelle,
Et je n’accepte pas tant d’éloges pour elle.
Tout le monde en eût fait autant.

Gabrielle.

Tout le monde en eût fait autant.Jugez-vous mieux !
Et quel autre, parmi même les généreux,
De la femme qu’il aime ayant vengé l’outrage
Ne se serait pas fait un droit de son courage ?
Quel autre, par respect pour un nom adoré,
De sa belle action ne se fût point paré ?
Quel autre enfin, forcé d’avouer l’aventure,
Pour la diminuer eût caché sa blessure,
Avec je ne sais quel magnanime mépris
Des dévouements vantards qui demandent un prix ?

Stéphane.

Vous faites trop d’honneur, Madame, à mon silence ;
C’est pour taire l’affront que j’ai tu la vengeance.
Je voulais vous laisser à jamais ignorer
Qu’une parole impure osa vous effleurer.

Gabrielle.

Qu’avait-on dit de moi ?

Stéphane.

Qu’avait-on dit de moi ? Rien qui vous puisse atteindre.

Gabrielle.

Parlez.

Stéphane.

Parlez.Je vous prierai de ne pas m’y contraindre.