Page:Augier - Théatre complet, tome 1.djvu/376

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Si l’amitié pouvait élargir la muraille,
Vous auriez une chambre ici de belle taille.

Stéphane, avec embarras.

Je ne mérite pas vos bontés.

Julien.

Je ne mérite pas vos bontés.Mes bontés !…
D’abord, ce n’en sont pas ; puis vous les méritez.
Vous m’avez plu, mon cher, à la première vue,
Et jamais mon instinct n’a commis de bévue.
« Voilà, me suis-je dit, un ami qui me vient,
Un homme franc, loyal, un cœur qui me convient. »
Me trompais-je ?

Stéphane.

Me trompais-je ? Non, certe.

Julien.

Me trompais-je ? Non, certe.Aussi ma confidence
Se sent vers vous portée avec pleine assurance,
Et vous êtes le seul devant qui j’oserais
Ouvrir la profondeur de mes chagrins secrets.

Stéphane.

Des chagrins ?

Julien.

Des chagrins ? Ma gaîté n’est, hélas ! qu’un mensonge,
Et je porte une plaie en dedans qui me ronge.
C’est… L’aveu, cher Stéphane, est des plus délicats :
À tout autre que vous je ne le ferais pas,
Car les gens sont enclins à s’amuser sous cape
Des tourments d’un époux à qui sa femme échappe.

Stéphane, troublé

Vous croyez que madame ?…