Aller au contenu

Page:Augier - Théatre complet, tome 4.djvu/186

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Clémentine.

Si fait, je les range en deux catégories : la première, qui regarde la fortune, et puis la femme ; et la deuxième, qui regarde la femme, et puis la fortune.

Pingoley.

Vous n’en admettez pas une troisième qui ne regarde que la femme ?

Clémentine.

Et vous ?

Pingoley.

Moi, j’ai cinquante ans, et je trouve triste qu’une enfant de votre âge n’ait pas plus d’illusions que moi.

Clémentine.

Parlez-vous sérieusement ?

Pingoley.

Jamais, mademoiselle.

Clémentine, avec feu.

Eh bien ! vous avez tort, parce qu’en effet ce n’est pas gai ; nous sommes là tout un joli clan de filles riches, qui savons très bien qu’on ne nous recherche que pour notre argent, et qui ne nous indignons même plus ; à qui la faute ? à nous ou à ces messieurs ? Nous ne demanderions qu’à être leurs dupes ; ils ne se donnent même pas la peine de nous tromper ! Les meilleurs sont encore ceux qui s’informent seulement de notre dot… il y en a un qui a demandé l’âge de ma mère. (Sautant au cou de sa mère.) Ma pauvre chérie

Madame Bernier.

Là là, mon enfant… Le monde est ainsi fait.