Page:Augier - Théatre complet, tome 4.djvu/211

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que vous n’ayez pas compris qu’en épousant ma fille, vous deveniez un homme du monde.

Pierre.

Si vous avez une leçon de savoir-vivre à donner à quelqu’un, c’est au baron, madame, et non à moi.

Madame Bernier.

Il n’est plus d’âge à en recevoir, et je ne suis pas sa mère ; d’ailleurs, je ne vois pas qu’il ait manqué aux convenances ; sa suffisance de savant est trop ridicule pour être offensante ; mais, le fût-elle, vous deviez songer que vous parliez à un vieil ami de la maison et que vous lui parliez chez vous.

Pierre.

Eh ! madame, il s’agit bien d’une querelle de Vadius et Trissotin !

Madame Bernier.

De quoi donc alors ?

Pierre.

Si vous ne l’avez pas senti, c’est inutile à vous dire. Croyez bien que je n’oublierai pas que je suis chez moi lorsque ceux qui sont chez vous se le rappelleront.

Madame Bernier.

Mon Dieu, j’ai bien remarqué qu’il vous traitait un peu en jeune homme ; mais je n’ai vu là rien de choquant de la part d’un vieillard.

Pierre.

Ses manières avec moi n’ont pas d’âge ; elles sont à peu près celles de tous vos amis, et je suis fâché que vous ne vous en aperceviez pas.