Page:Augier - Théatre complet, tome 4.djvu/276

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Me voilà chargé de deux femmes au lieu d’une, ça n’est pas gai. Adieu, messieurs. (Regardant autour de lui.) C’est très curieux un intérieur de savant, je n’en avais jamais vu.

Michel.

Ne faites pas attention au désordre ; l’appartement a été fait par une explosion.

Pierre, montrant le cylindre éclaté.

Voici notre femme de ménage.

Pingoley.

Vous vous occupez donc d’artillerie, maintenant ?

Pierre.

Non, de chimie.

Pingoley.

Alors, que faites-vous de cette bombarde ?

Michel.

C’est un cylindre de fonte qui a éclaté pendant une expérience.

Pingoley.

Et il ne vous a pas tué ? Il y a des grâces d’état ! ma parole, il faut que la mort ait été élevée dans le respect des savants.

Michel.

Ne croyez pas qu’elle se gêne avec eux. Elle est déjà longue la liste des soldats de la science morts au champ d’honneur ! Gehlen, empoisonné par le gaz hydrogène arséniqué ; Boullay, brûlé par la vapeur d’éther ; Hennel foudroyé par le fulminate de mercure, et tant d’autres sans compter les blessés.