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Page:Augier - Théatre complet, tome 4.djvu/339

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Henri.

Tiens, tiens ! Le voltigeur de Louis XIV remonte dans mon estime.

Sergine.

Oui, mais tu comprends que le monde, en nous amnistiant, a créé entre nous un lien plus indissoluble que le mariage même. La condition tacite de sa tolérance, c’est la perpétuité de notre liaison : le jour où en se rompant elle deviendrait une aventure vulgaire, tout le scandale en suspens sur la tête de la pauvre femme tomberait tout à coup sur elle et t’écraserait. — Et maintenant, crois-tu que j’aie le droit de l’abandonner ?

Henri.

Non.

Sergine.

Ne parlons plus de cela, n’en reparlons jamais. Il ne faut pas toucher à une plaie quand on veut qu’elle se cicatrise. Je ne viendrai plus ici, viens chez moi… viens souvent… (La porte de gauche s’ouvre.) Ta sœur ! adieu.

Clémence, en voyant Sergine, s’arrête sur la porte ; Sergine la salue froidement et sort.



Scène XV

CLÉMENCE, HENRI.
Clémence.

Eh bien ?

Henri, à part.

Tranchons dans le vif. (Haut.) Ma pauvre enfant, c’est moi qui avais raison ; il ne songe pas à toi. Il en aime une autre.