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Scène VII

HENRI, seul.

Impudent coquin !… quand il aura l’usage de ses deux bras, je lui infligerai une correction dont il se souviendra ! Eh bien, il a laissé là son journal ? (Prenant le journal.) Mon père a peur de lui… Pourquoi ? — Allons donc ! c’est impossible !… Je le saurais ! (Regardant le journal.) 23 décembre 1833… Je n’avais que huit ans. — Non ! je ne le lirai pas !… je ne ferai pas cette injure à mon père. Brûlons ! (Il s’approche de la cheminée, regarde longtemps le journal et l’ouvre vivement.) Ayons-en le cœur net.

Il lit en silence, debout ; il s’essuie le front avec son mouchoir, s’assied à droite de la table et continue sa lecture. Enfin il repousse le journal et éclate en sanglots accoudé sur la table, et la tête dans ses mains.



Scène VIII

CHARRIER, HENRI, puis CLÉMENCE.
Charrier, à part.

Il pleure ? (Il prend le journal sur la table.) 23 décembre 1833.

Il reste atterré, Henri lève la tête ; leurs regards se rencontrent, le journal échappe des mains de Charrier ; ils restent tous deux les yeux baissés. Clémence entre par la gauche ; Henri en la voyant se précipite sur le journal et le jette au feu.
Clémence, allant à Charrier.

Qu’as-tu donc, père ? ta figure est bouleversée !