Page:Augier - Théatre complet, tome 5, 1890.djvu/230

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diantre ! c’est bien différent, et je suis maintenant tout à fait de votre avis.

Madame de Verlière, agacée.

J’en suis charmée. Ainsi, mon cher ami, si je vous ordonnais de faire des excuses sur le terrain, vous en feriez ?

Lancy.

Certainement.

Madame de Verlière.

Mais vous exposeriez-vous à recevoir de pareils ordres ? Viendriez-vous, la veille d’un duel, m’annoncer que vous vous battez ?

Lancy.

Mon Dieu, madame, je voudrais bien m’en aller.

Madame de Verlière.

Non, non, répondez… je vous en prie.

Lancy, avec embarras.

M. de Mauléon a eu la langue un peu légère, j’en conviens ; il voulait peut-être se parer à vos yeux du danger qu’il allait courir, ce n’est pas un crime ; mais je ne puis admettre qu’il cherchât un biais pour s’y soustraire.

Madame de Verlière.

Il devait pourtant prévoir ce qui arriverait.

Lancy, cherchant ses mots.

Eh bien, il allait sans doute au devant du plus grand sacrifice qu’un homme puisse faire à une femme… Il y a des gens comme cela, dont la passion recherche les cilices.