Page:Augier - Théatre complet, tome 5, 1890.djvu/278

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Marguerite.

C’est singulier ; je l’avais à la main il n’y a pas un quart d’heure.

Henri.

Me voilà propre si elle est perdue ! Je suis un garçon rangé, moi. Je ne peux pas vivre sans savoir l'heure qu’il est.

Munius.

Elle aura roulé sous un meuble.

Henri.

Il n’y en a pas.

Raoul, passant près de Henri.

Laisse-nous donc tranquilles avec ta montre ; elle se retrouvera demain.

Henri.

Si elle ne se retrouve pas tout de suite, elle est perdue.

Raoul.

Eh bien, tu en achèteras une autre.

Henri.

Ce ne sera plus la même. Celle-là, je la connaissais. Elle ne ressemblait pas aux autres. Elle avait sur le cadran un petit soleil d’émail bleu auquel j’étais habitué. C’était ma montre enfin, ma pauvre montre !

Marguerite suit tous les mouvements de Munius pour l’empêcher d’ôter la montre de la poche de l’habit.

Munius, à part.

Je voudrais bien m’en aller.