Page:Augier - Théatre complet, tome 5, 1890.djvu/343

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m’ont fait l’honneur de venir visiter mes antiquités, et cela n’a pas donné lieu à la moindre médisance.

Annette.

Eh bien, j’irai avec mon frère.

D’Estrigaud.

Avec votre frère seulement ? C’est bien hardi. À votre place, j’emmènerais mon père, mes enfants et leur gouvernante.

Annette.

Je ne peux pourtant pas y aller seule.

D’Estrigaud.

Ne dites pas cela devant la duchesse de Somo-Sierra, ni devant la marquise de Villejars, ni devant…

Annette.

Pourquoi ?

D’Estrigaud.

Parce que ces dames, étant venues seules chez moi, vous trouveraient un peu bien collet monté et se demanderaient dans quel couvent de la rue Saint-Denis vous avez été élevée.

Annette.

Ces dames ont été chez vous… seules ?

D’Estrigaud.

Je vous le jure. Après cela, ce sont de fort grandes dames, qui ne font à aucun mortel l’honneur de le trouver dangereux.

Annette.

Et vous imaginez-vous par hasard que je vous trouve dangereux, moi ?