Page:Augier - Théatre complet, tome 5, 1890.djvu/390

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mais le diable m’emporte si tu ne m’as pas remué le cœur ! (Lui prenant la main et la portant à ses yeux.) Tiens, Voilà une larme de d’Estrigaud… fais-la monter en bague, c’est le dernier joyau qu’il t’offrira.

Navarette.

Tu refuses ?

D’Estrigaud.

Oui, chère fille. Je n’ai pas beaucoup de préjugés, tu le sais, mais il y a des délits de savoir-vivre inadmissible, des inélégances infranchissables. Un galant homme ne peut ruiner que sa femme légitime, je te l’ai déjà dit vingt fois.

Navarette.

Mais alors que vas-tu faire ?

D’Estrigaud.

Que veux-tu que je fasse ? Je ne peux pas payer, je ne payerai pas. C’est encore plus convenable que de payer avec l’argent de ma maîtresse.

Navarette.

Raoul… tu me fais peur !

D’Estrigaud.

En quoi ?

Navarette.

Tu veux te tuer !

D’Estrigaud.

Moi ?

Navarette.

Oh ! n’espère pas me donner le change ! Tu as trop