Page:Augier - Théatre complet, tome 5, 1890.djvu/428

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est d’un beau bleu, cette épître !… Écoutez-moi ça, mesdames.

Lucien.

Je le défends !…

Aurélie, passant la lettre à Valentine.

Lisez, Valentine, je le tiens.

Tous.

Lisez, lisez ! à la tribune !

Lucien.

C’est absurde !

On se groupe autour de Valentine.
Tous.

Chut !

André rouvre les yeux et les promène autour de lui.
Valentine, lisant.

« Oui, ami, je vous aime… »

André, bondissant.

Oh ! Cette fille ! (Il lui arrache la lettre des mains. À Lucien.) Tu laisses faire cela, toi ? tu laisses traîner les secrets de famille dans les ruisseaux ? Qui te dit qu’il n’y a pas là dedans l’âme d’une honnête femme égarée ? Qui te dit qu’elle n’a pas expié dans les larmes, qu’elle n’est pas descendue dans la tombe avant l’heure, blêmie par le repentir ? et que ses enfants ne rachèteront pas sa faute à force d’œuvres et de loyauté ?

D’Estrigaud.

Ma foi, mon cher, il s’agirait de votre propre mère…