Page:Augier - Théatre complet, tome 5, 1890.djvu/74

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La Baronne.

Quelle est la femme du monde qui fait sa tapisserie elle-même et ne se coiffe qu’avec ses cheveux ? Ce sont des supercheries si générales et si bien admises, que, quand notre fausse natte se détache devant nos amis, nous la rattachons en riant ; (Elle roule son carreau.) et c’est ce que je fais.

Maréchal, à part.

Charmante ! adorable ! on n’a pas plus de grâce !

La Baronne.

Ce qui m’étonne dans cette aventure, ce n’est pas que ma tapisserie ne soit pas mon ouvrage, puisque je l’achète ; c’est qu’elle soit le vôtre, mademoiselle.

Maréchal.

Au fait, oui, comment a-t-elle pu vous être vendue ?

Madame Maréchal, à Fernande.

J’ai toujours soupçonné la fidélité de votre femme de chambre.

Fernande.

Pauvre Jeannette ! elle est incapable…

Madame Maréchal.

Ce n’est pas la première fois que vos petits ouvrages se perdent ; il est probable qu’elle en fait commerce.

La Baronne.

Et que la pauvre vieille à qui nous les achetons est une receleuse. Encore une déception de la charité !