l’expérience, mais à se bien servir des mots anciens. Ils peuvent suffire à tout. Ils suffisent au génie.
Senlis : pureté de la foi, pureté du goût.
Les fleurs qui montent aux voûtes ! L’arc qui s’élance du chapiteau sans rompre avec lui ! Quel art suprême dans un seul trait ! Pour réaliser cela sans maigreur, il fallait tout le génie de ces incomparables artistes.
Les voussures doublant les ogives engendrent des plates-bandes pareilles à des rubans. Le noir est derrière. Entre ces rubans, la nervure se dessine dans une manière de modelé plus bas-relief, comme il était nécessaire. Style Renaissance qui atténue un peu la ronde-bosse du Gothique. Effet grec et charmant.
Spectacle réconfortant d’une petite ville de province, avant six heures du matin : Blois. Grande hâte vers le travail, les usines ; les maisons propres et modestes, aux persiennes fermées, et le beau pont, solide, en dos d’âne. Et ce pont, grâce à l’effet du dos d’âne, est comme une route en plein ciel.
Derrière un rideau de maisons apparaît le clocher, roman, massif, puissant, admirable. Les jolis minois du temps de Louis XV — auxquels il faut que je pense, ici — l’ont vu, ce beau clocher de pierre, qui s’élève comme une fleur dans un jardin. Mais déjà ils le trouvaient affreux…
Je me retourne vers ce pont, dont les voitures font l’ascension, régulièrement, vaillamment, en dessinant sur le ciel leur profil, et je vois, dans cette montée et cette descente, une image de la vie.
La netteté dans la modestie : Blois.
Elle a été frappée dans son château, dans son église, de notre temps. Ah ! les marchands sont entrés dans le temple !
Harmonies perdues. Les vitraux nouveaux sont étrangers aux paroles qu’on chante dans cette église. Les rapports entre ceci et cela étaient pourtant intimes, à l’origine. L’âme des choses est trahie par la caricature.
Il y a, à Blois, une rue si gracieuse, à la voir en raccourci, qu’on a, de ce point de vue, la sensation d’un monument. Grâce discrète, qui caresse