Page:Auguste Rodin - Les cathedrales de France, 1914.djvu/400

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rations, où nous en sommes ? Les styles anciens, nous les comprenions, naguère encore, et ils sont dans nos Tuileries, dans notre Louvre. Nous nous entêtons à les imiter, aujourd’hui même, mais comment !…


Les clochers de Laon et de Reims sont frères ou sœurs.

Quels perpétuels rappels de l’une l’autre, et quelle variété entre les Cathédrales ! Qu’elle est nombreuse, la Cathédrale, et qu’elle est unique ! — Variété dans l’unité, il ne faut pas se lasser de répéter ces mots. Le jour où ils seraient tout à fait oubliés, plus rien dans le monde français ne serait à sa place.

C’est l’analogie qui relie les choses et leur assigne leurs rangs. Cette tour de Reims est un psaume, — cette tour : elle pouvait s’interrompre, continuer, qu’importe, puisque la beauté est dans le modelé ?


Le Portail.

Ces figures d’évêques, vraiment capables de lancer la foudre ; ces serviteurs, humbles, qui tiennent le Livre ; cette grande figure majestueuse de femme : la Loi.

L’admirable saint Denis du portail nord : il porte sa tête dans sa main, et deux anges, à la place de la tête, soutiennent une couronne. — Y puis-je voir un symbole ? Celui-ci : les idées, coupées, interrompues dans leur essor, se rejoindront, règneront, plus tard, tout un jour qui n’aura pas de fin…


La Vierge du trumeau, à la figure illuminée, c’est la vraie femme française, la femme de province, la belle plante de notre jardin.

Sculpture parfaite, aux savantes oppositions. Les grands plis du manteau d’apparat laissent dans la lumière la poitrine et la tête délicieuses.

Le trumeau est orné de petites figures saillantes. Si les détails ne sont pas grecs, les plans le sont, et déterminent, et soutiennent la beauté générale de la composition.