Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/123

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un détachement de soldats veiller autour de l’image vénérée. Ajoutons que ces précautions n’étaient pas inutiles : car le vayvode de Moldavie, qui jugeait prudent de se ménager rentrée du ciel, avait promis mille écus à celui qui saurait lui apporter le miraculeux tableau.

Toutefois il était impossible que tant de zèle fût dépensé inutilement. Le primat de Hongrie ordonna que la sainte image serait remise aux Jésuites de Clausenbourg, fort heureusement pour la ville, qui devait être préservée de tous dangers. Aussi, dans les incendies successifs de 1702, de 1705 et de 1708, après que les étudiants et les soldats eurent rivalisé de zèle pour éteindre le feu, vit-on les flammes diminuer peu à peu, grâce à la présence de la madone. L’image miraculeuse opéra une foule de guérisons surnaturelles jusqu’en 1786. Joseph II, qui régnait alors, fit cavalièrement enlever les ex-voto qui décoraient le tableau, et les envoya à Carlsbourg, où se trouve l’hôtel des monnaies. On en fondit pour la valeur de onze mille francs. Après la mort de l’empereur, les ex-voto reparurent ; mais l’ardeur des fidèles s’est singulièrement calmée, et depuis 1818 il n’y a pas eu d’offrande. La faute en est à la seule madone, qui reste inactive : évidemment elle ne consentira à verser de nouvelles larmes que si les tout-puissants pères reparaissent dans le pays.

Clausenbourg a vu naître le plus grand prince qui