Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/198

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on arrive dans d’immenses vaisseaux aux proportions gigantesques : ce sont les mines. Je crois que c’est là un des plus magnifiques spectacles qui se puissent voir. Qu’on se figure plusieurs nefs colossales, entièrement creusées dans le sel, dont les murs marbrés se rencontrent à une hauteur prodigieuse, comme les ailes d’une cathédrale gothique. La paille que l’on brûle pour illuminer ces voûtes merveilleuses éclate, en pétillant, comme la mousqueterie. Nous voyons alors les mosaïques bizarres que la nature a dessinées, les figures fantastiques qui courent sur les murs. Tantôt le sel brille, tantôt il est sombre. Là il s’est éboulé, et d’énormes blocs sont couchés sur le sol. En présence de ces temples souterrains, on songe aux tombeaux des Pharaons, aux monuments grandioses que l’antiquité nous a laissés.

Voyez s’agiter ces quelques ombres, ces nains qu’on dirait évoqués par Goethe ou Hoffmann : ce sont les mineurs. Il y en a deux cents. Leur travail consiste à piller dans le sol ou dans le mur des blocs d’un pied carré qui sont placés dans un réseau de fortes cordes, et hissés jusqu’à l’ouverture des mines. Il y a des chambres de quelques toises d’étendue, où l’haleine des travailleurs monte, se condense et produit de longues aiguilles de sel qui pendent au plafond, et blesseraient en tombant les mineurs si on ne prenait soin de les abattre.

C’est l’empereur qui exploite pour son compte les