Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/212

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Le Gitane lui en présenta un. — « Cela n’est pas mieux. Regarde-moi faire. » Et peu d’instants après il lui montra deux clous de sa façon. Le Gitane ouvrit de grands yeux 3 puis s’écria en valaque : bine invetiatu, « vous êtes bien instruit[1] ! » Il avait raison. L’expert, qui laissa sur l’enclume un prix d’encouragement et disparut, n’était autre que le prince Lobkowitz, lequel, comme président de la chambre générale à Vienne, avait la direction suprême de toutes les mines de la monarchie, et ne dédaignait pas de connaître l’art jusque dans ses derniers détails, au point d’être un excellent forgeron.

L’humeur vagabonde des Gitanes les quitte difficilement. L’empereur Joseph II essaya de les attacher à la terre. Il consulta à cet effet les comitats de la Hongrie et prit des mesures qui semblaient décisives. Leur langue même devait être abolie ; on les désignait déjà dans le langage administratif sous le nom de « nouveaux paysans ». Tous ces efforts furent vains. Les Gitanes, qui, d’après les nouvelles ordonnances, ne pouvaient plus quitter les terres du seigneur, s’y prirent de telle façon, qu’ils en furent chassés par les seigneurs eux-mêmes. On leur construisit des maisons commodes ; ils y établirent leurs vaches et dressèrent leur tente à côté. Les enfants, qu’on avait mis chez les villageois pour les ac-

  1. Plus exactement : « bien appris » !