Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/225

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C’est dans les colléges protestants que se forme la jeunesse libérale. En Transylvanie les colléges renferment non seulement les cours ordinaires de nos lycées, mais de plus ceux qui sont du ressort des facultés, tels par exemple que le cours de droit. L’élève qui y entre enfant en sort homme fait et capable d’embrasser la carrière à laquelle il s’est destiné. Au point de vue national, les colléges réformés ont donc une grande importance, et c’est avec un double intérêt qu’on les visite, car il est beau de voir ces institutions se maintenir au premier rang malgré le mauvais vouloir de l’autorité, et donner une instruction supérieure à celle que reçoivent les élèves du gouvernement ; ce qui s’explique par le mouvement et l’activité qui s’emparent des esprits. On conçoit que dans de pareilles conditions le choix d’un professeur soit une chose grave, et même un événement politique. Souvent le parti du gouvernement et le parti libéral entrent en lutte à propos d’un nom, et les élèves ne manquent pas de témoigner bruyamment, suivant le résultat, de leur joie ou de leur mécontentement. Lors de la nomination de M. Brassai au collége unitaire de Clausenbourg, les étudiants exécutèrent la Marseillaise dans la salle, au moment même où le professeur fut installé.

On peut apprendre avec étonnement que cet air révolutionnaire est popularisé dans la moitié de l’empire autrichien, c’est-à-dire en Hongrie et en Transylvanie.