Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/227

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du collége d’Enyed, M. Charles Szász, fut envoyé à la Diète en qualité de député. M. Szász fut un des chefs du parti libéral ; et, bien qu’il eût fait tous ses efforts pour inspirer à l’opposition des idées modérées, il encourut la colère du pouvoir. Il se vit long-temps environné d’une sorte d’espionnage dont il ne fut délivré qu’en s’armant de patience. M. Szász, qui occupait alors la chaire de droit, est aujourd’hui professeur de mathématiques. Bien que ce dernier cours ne permette guère les digressions politiques, il est peut-être soupçonné d’appliquer le carbonarisme à la géométrie.

Ce n’était pas seulement ces principes que l’on condamnait. On saisissait l’occasion, en attaquant sa personne, d’infliger un blâme sévère au collége d’Enyed. En effet la sympathie des étudiants avait suivi le professeur. Les jeunes gens se répétaient les paroles que le maître prononçait à la Diète, et une grande effervescence régnait parmi eux. Ils ne tardèrent pas à leur tour à être inquiétés. Ils s’étaient cotisés pour former une bibliothèque particulière, où se trouvaient réunis la plupart des poètes allemands et hongrois. La salle où étaient contenus ces livres fut décorée des portraits des héros de la révolution polonaise. Il n’en fallut pas davantage pour que des dénonciations fussent colportées d’Enyed à Clausenbourg. On crut que ces réunions littéraires avaient un caractère politique, et les étudiants furent privés de l’usage de leurs livres.