Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/23

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original et sauvage. Les habitations sont rares, les villages plus éloignés les uns des autres. Les routes ne sont plus, il est vrai, comme aux portes de Vienne, sablées et droites, pareilles à des allées de jardins ; mais aussi vous n’êtes plus arrêté à chaque pas par les receveurs des péages, par les douaniers, par les gens de police, par tous ces personnages enfin qui vous rappellent que l’on vit en Autriche sous le gouvernement le plus paternel du monde, et insensiblement vous vous surprenez à respirer aussi librement que si vous n’aviez pas quitté, le matin même, la capitale de Sa Majesté apostolique. Tout à coup l’on arrive dans un village hongrois. Un jeune garçon aux cheveux noirs, à la physionomie caractérisée, amène son attelage et vous entraîne au galop, tandis que le dernier représentant de la blonde Allemagne regagne paisiblement ses foyers.

Il peut sembler étrange parmi nous que tous les villages de Hongrie ne soient pas proprement des villages hongrois. Mais il faut se souvenir que les différentes nations qui tour à tour ont dominé cette contrée ne s’y sont pas fondues. La Hongrie, qui porte le nom des derniers conquérants, est également habitée par des Valaques, par des Slaves, et par diverses peuplades peu nombreuses. Pour peu que l’on jette les yeux sur une carte ethnographique du pays, on voit de suite quel a été le résultat de la conquête. Fixés à l’est, aux confins de l’ancienne Dacie, les Valaques ont été domptés, mais