Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/233

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consulter pour étudier l’histoire de leur pays. Je le fais aussi afin que les étrangers apprennent quelles sont les sources de notre histoire, pour que chacun enfin se serve de ces documents que j’ai réunis dans l’intérêt général, en m’imposant bien des fatigues et des privations, et en négligeant mes propres affaires. »

Vers la fin de sa vie, découragé peut-être par le mauvais vouloir des siens, isolé dans un village reculé, Benkö s’adonna à boire. Un étudiant de Transylvanie visitait un jour un professeur de je ne sais quelle université d’Allemagne. Dès que le professeur eut appris de quel pays venait le jeune homme, il s’empressa de lui parler de son savant compatriote. — Vivitne adhuc ille Benko ? demanda-t-il. — Vivit, repartit l’autre, sed semper bibit. Piqué de la réponse irrévérencieuse de l’étudiant, le professeur répliqua : Ergo, qui non semper bibit, quare tales libros non scribit ?

Aujourd’hui le collége d’Enyed renferme huit cents écoliers, dont cinquante seulement sont logés hors de l’établissement. Aussi les revenus de cette institution, qui atteignent le chiffre de cent mille francs, somme considérable pour le pays, sont-ils invariablement absorbés. Les cours, qui sont gradués, ne durent pas moins de douze ans. Mais tous les élèves ne suivent pas l’échelle jusqu’au bout. Un certain nombre d’entre eux se retirent après avoir traversé les premières classes et acquis une instruction passable. Il n’y a que ceux qui