Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/242

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Pour me rendre à Balásfalva il me fallait quitter la grande route, ce que j’ai dû faire souvent, et m’engager dans un étroit chemin labouré d’ornières, où j’aurais infailliblement versé si je n’avais eu la prudence de louer une voiture du pays. Je fis prix avec un cocher valaque, qui de soubresauts en soubresauts nous conduisit, non sans peine, à Balásfalva. Notre homme déclara qu’il ne connaissait pas d’auberge où nous pussions descendre, ce qui ne m’étonna que médiocrement ; mais il se hâta d’ajouter que l’évêque était fort hospitalier. Il paraissait si flatté de l’honneur de conduire sa voiture dans la cour de l’évêque, de mener ses chevaux dans l’écurie de l’évêque, et de souper avec les gens de l’évêque, que je dus en passer par où il voulait.

Il arrêta donc ses chevaux à la porte du palais épiscopal, et, sans attendre mes ordres, cria à tue-tête qu’un voyageur demandait à entrer. Il exerçait ses poumons dans une cour assez vaste, où se promenaient quelques jeunes prêtres fort graves. Un valet l’entendit, gagna l’appartement du maître, et rapporta l’ordre de m’introduire. On me fit passer par un escalier et des corridors, au bout desquels se trouvait une longue salle décorée des portraits des évêques grecs de Transylvanie. Cette pièce n’était éclairée que par la bougie que portait mon guide, et, à mesure qu’il passait, ces figures austères s’illuminaient et semblaient s’approcher. Le valet