Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/25

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tes des deux états, on abaisse le pavillon autrichien, et l’on hisse le drapeau hongrois, vert, blanc et rouge, en sorte que le bâtiment aborde à Presbourg paré des couleurs nationales. Cette manœuvre, que les gens de l’équipage ne manquent jamais d’exécuter, vous rappelle que le royaume de Hongrie forme, dans la monarchie autrichienne, un état à part. Du 11e au 16e siècle, il fut l’un des plus puissants de l’Europe, et compta souvent entre les alliés de la France. Un jour les Hongrois appelèrent au trône les princes de la maison d’Autriche : dès lors leur grandeur s’évanouit, mais ils n’en gardèrent pas moins leur nationalité ; et ce pays, qui s’était donné volontairement aux empereurs, conserva sa langue, ses lois et son administration. Le prince qui règne à Vienne en maître absolu ne gouverne à Presbourg qu’avec le concours de la Diète. L’aigle à deux têtes est l’emblème fidèle de cette monarchie double.

Les empereurs ont fait de Presbourg, située aux portes de l’Autriche, la capitale du royaume ; mais les Hongrois n’affectionnent guère cette ville, bien que depuis trois siècles la Diète y tienne ses séances. Sur la rive du fleuve on voit le monticule qui sert au couronnement des rois de Hongrie. C’est un tertre peu élevé, avec une balustrade en pierre. Au sortir de l’église, le prince, à cheval, en uniforme de hussard, portant la couronne et le manteau de saint Étienne, s’élance sur la plateforme, et, pour indiquer qu’il défendra le royaume en-