Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/250

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Chacun sait que d’ordinaire les diplomaties ne se mettent pas en frais de vertu ; et, quelque désir que l’on en puisse avoir, nous ne pouvons nous représenter la Russie et l’Autriche abandonnant ingénument deux provinces qui valent la peine d’être conservées, dans le but charitable de témoigner de la bonté a une race intéressante. D’ailleurs est-on bien inspiré en appelant la fondation de cette petite république ? Cet état de quelques millions d’hommes pourrait-il se soustraire à l’ascendant des deux grands empires qui l’entoureraient ? Pense-t-on que cette situation précaire, que ces déchirements inévitables, favoriseraient le développement de la population ? En un mot, le sort des provinces danubiennes, perpétuellement menacées par le tzar, est-il donc digne d’envie, et veut-on conserver le triste état de choses qui subsiste aujourd’hui ?

Nous croyons faire preuve d’un intérêt mieux entendu pour la race valaque en lui souhaitant de se réunir sous le sceptre de l’Autriche, qui compte déjà parmi ses sujets plus de deux millions d’hommes de cette nation. Le peuple valaque ne marchera vers l’unité que sous un gouvernement fort, qui sache au besoin le défendre ; et puisqu’il est placé entre l’influence autrichienne et l’influence russe, il convient qu’il subisse la première, qui est plus civilisatrice. Dans la possession de provinces romanes enlevées à la domination turque, l’Autriche trouvera une juste compensation aux pertes