Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/255

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bœufs, qui portaient à leurs cornes des fleurs et des branches d’arbre. Des bœufs seuls, en effet, pouvaient nous mener dans le chemin abominable que nous suivions. Souvent, après une montée presque verticale, arrivait une descente où nous glissions rapidement, entraînés avec les pierres qui se détachaient sous les roues. Nos guides se pendaient au côté de la voiture pour faire contre-poids, ou se cramponnaient aux cornes des bœufs pour les retenir, avec une profusion de gestes et de cris rauques comme les Valaques savent en trouver. Après trois heures de marche nous arrivâmes au sommet de la montagne, où commence le rocher. Là nous descendîmes de voiture, et nous nous mîmes en devoir de gravir la Piatra Capri. Une sorte d’escalier qui fait le tour du rocher a été à la fin creusé dans la pierre. Mais on ne met pas le pied sans péril dans ces trous usés et polis ; un seul faux pas suffirait pour vous faire rouler, en moins d’une minute, jusqu’au bas de la montagne. Aussi chacun de nous marchait-il entre deux guides, sur lesquels il s’appuyait dans les moments difficiles. Au bout d’une heure nous atteignions la cime du rocher.

Nous trouvâmes une petite plaine de peu d’étendue, où croissaient des plantes sauvages. Un roc nu qui surplombe et n’est pas trop éloigné a pu être joint au rocher principal par des murs, de manière à offrir aux habitants de la forteresse un assez grand espace. Un des guides prétendait