Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/277

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roïques. Au reste, ils n’attendirent pas que les musulmans vinssent menacer leur territoire. Dès 1173, on voit deux seigneurs hongrois partir du village de Czege, en Transylvanie, gagner à cheval Constantinople, et offrir à l’empereur le secours de leurs bras. Ils rejoignent en Asie l’armée des Grecs et combattent si vaillamment les Turcs, qu’on les appelle « les hommes de fer ». Ce glorieux surnom les précède dans leur patrie, si bien qu’ils le gardent au retour et le transmettent à leurs descendants. La famille Was, « fer », existe encore.

Les guerres des Turcs durent jusqu’au temps où la puissance ottomane cesse de menacer l’Europe, c’est-à-dire jusqu’au 17e siècle. Dès lors la lutte change de caractère. La Porte, abandonnant l’impulsion religieuse du prophète, participe à la politique de l’Occident. Les empereurs et les sultans se battent pour leurs motifs personnels. Les Hongrois composent, il est vrai, la plus grande partie des armées autrichiennes ; mais aussi dans leurs révoltes ils acceptent les secours des Turcs, comme ils sollicitent ceux de la France. Ce n’est plus là l’âge des guerres saintes. Pour le trouver, il faut remonter plus haut. La grande époque est celle des Corvins. Hunyade est l’Achille de cette longue épopée.

Chacun de nous a ses héros de prédilection. On se passionne, en lisant l’histoire, pour certains personnages dont le caractère et les actions excitent notre sympathie. Bien avant mes voyages en Hongrie, j’avais un