Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/320

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sions voir cette merveille. Un homme ramassa de la terre devant nous, la lava quelque temps, et nous montra au fond de son écuelle de la poussière d’or. Tous les paysans recueillent l’or à Veres Patak. Ils s’empressent, dès qu’ils en ont le moyen, d’acheter un champ, et la récolte de l’or est toujours si abondante, que dans ce petit coin de la Transylvanie le terrain est d’un prix beaucoup plus élevé qu’en France. On me fit voir une prairie d’une médiocre étendue qui venait d’être achetée onze cent cinquante ducats.

Il y a à Veres Patak des Valaques qui ont gagné aux mines une fortune prodigieuse. J’allai voir le plus riche d’entre eux, dont on m’avait beaucoup parlé. Il était sorti. Sa femme, en bottes rouges et en robe d’étoffe imprimée, nous reçut. Elle achevait de mettre le couvert dans une chambre grossièrement meublée. Aux murs étaient accrochés de vieux fusils et des bottes ; des planches supportaient des assiettes de terre. La table était garnie de gros linge et de couverts en fer. Jusque là il n’y avait rien qui annonçât l’opulence des habitants de la maison. On nous fit monter un escalier : la scène changea. Nous entrâmes dans des pièces élégantes, où rien ne manquait. Plusieurs fusils, dont la crosse était damasquinée de cuivre et d’argent, pendaient aux murs entre des gravures et des tableaux. Dans une salle était une armoire vitrée, où brillaient une belle argenterie et des plats d’or et de vermeil. Des pendules arrêtées dé-