Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/346

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comme les Napolitains accusent saint Janvier. On a vu chez les Valaques le zèle religieux dégénérer en fanatisme. Ce n’est jamais sans de grandes difficultés qu’on les amène à embrasser la communion catholique : lorsqu’un prêtre du culte uni est envoyé au hameau pour remplacer le pope grec, les habitants refusent souvent de se rendre à la paroisse. On cite des églises qui ont été fermées pendant trente ans : pour que la foi nouvelle triomphât dans le village, il fallait que les paysans fussent entraînés par la génération suivante.

La dévotion des Valaques se manifeste dans plusieurs pieuses coutumes. Ils vont aux champs, bannière et pope en tête, pour bénir le blé nouveau. Ils plantent sur les chemins de grandes croix rouges où sont représentés tous les instruments de la Passion ; quand ils les rencontrent, ils se découvrent et quelquefois s’agenouillent. La figure du Christ attaché sur la croix est presque toujours l’ouvrage de quelque artiste indigène. Il y a de ces sculpteurs de village qui, s’inspirant outre mesure de leur modèle, donnent à leur œuvre une couleur singulièrement locale, et je me souviens d’avoir vu un Christ qui, avec le menton rasé, portait de magnifiques moustaches et de superbes tresses de cheveux noirs.

Les églises valaques sont pittoresques. Elles sont fort basses et construites en bois ; le toit, qui est très élevé, est formé de bardeaux découpés, auxquels la pluie