Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/354

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mitât hongrois de Bihar, voisin de la Transylvanie, à Déda, les paysans valaques ont fort simplifié la cérémonie de la demande en mariage. Les mères, durant le carnaval, placent autour de la chambre, pendus à des perches, les chemises, les coussins et les essuie-mains brodés de leurs filles. Les garçons poussent la porte, regardent du seuil les richesses étalées, et, suivant leur inspiration, font leur choix ou rebroussent chemin. Un mariage valaque s’accomplit au milieu des fêtes. Les parents du fiancé vont chercher la promise dans une voiture attelée de quatre bœufs qui portent des fleurs à leurs cornes. Les Bohémiens du village précèdent le cortège en jouant du violon. Des paysans tirent des coups de fusil après avoir chargé l’arme jusqu’au bout. Le coffre de la mariée est placé dans la voiture, et l’un de ses parents porte la dot au bout d’un bâton.

J’ai assisté un soir à une veillée où quarante jeunes filles, assises autour d’une vieille salle voûtée, filaient en chantant. Quelques unes étaient fort belles ; leurs mouvements étaient toujours gracieux, et leur chant avait quelque chose de plaintif. Un fiancé bien appris doit se tenir auprès de sa belle, et lui ramasser le fuseau autant de fois qu’il tombe. Il y a des contrées où les jeunes gens ne manquent jamais à ce devoir, dans les montagnes de Radna, par exemple. Là, les hommes ont des égards pour les femmes. J’ai vu, à Radna, un paysan enlever à une jeune fille un lourd fardeau, et le lui por-