Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/359

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« Est-ce vous, lui dit-il, qui mentez pour de l’argent ? »

Les Valaques sont fort hospitaliers. Si pauvres qu’ils soient, ils ne refusent jamais à un plus pauvre la moitié de leurs oignons ou de leur pain de maïs. Le plus grand plaisir qu’un seigneur puisse leur faire, après celui de leur parler valaque, c’est de goûter de leur mammaliga, véritable polenta italienne, qui est un mets national. Je me rappelle avoir parcouru les montagnes de Zalathna avec un guide valaque. En arrivant dans une petite auberge qui se trouvait sur la route, il se fit apporter du vin, tandis que je m’approchais d’une source fameuse que j’entendais murmurer derrière une haie. Mon Valaque se prit de pitié pour moi en me voyant boire de l’eau pure. Il accourut avec sa gourde, m’offrant la moitié de sa ration. Il y mettait tant d’instances, que je me voyais forcé d’en passer par où il voulait de peur qu’il ne se méprît sur la cause de mon refus, lorsque l’aubergiste lui fit comprendre que je paraissais obéir à un goût décidé en m’abreuvant à la source.

Cette hospitalité, les Valaques l’exercent même au profit de l’inconnu. Ce n’est pas seulement dans le district de Zalathna, c’est par toute la Transylvanie qu’ils ont la touchante coutume de déposer, sur le bord des routes, des vases remplis d’eau pour le voyageur qui peut passer. Ils en placent également le soir devant leurs portes pour celui qui viendra la nuit dans le village. Les