Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/367

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faïence et à des serviettes brodées disposées en draperies. Un lit très haut et garni de coussins couverts de broderies forme, avec une table et quelques sièges de bois, l’ameublement de la chaumière. Le bois de lit est peint de toutes couleurs ; les fleurs les plus éclatantes, les oiseaux les plus brillants, y sont représentés. Le coffre indispensable que la femme apporte en se mariant est également décoré de peintures. Les Valaques peignent même le bois de leur selle, et jusqu’au joug de leurs buffles. Ils aiment de préférence les couleurs vives et les assemblent sans trop d’harmonie. Aussi le Hongrois parle-t-il sans révérence de ce qu’il nomme « le goût valaque ».

Les paysans valaques ont communément le type méridional. On en voit beaucoup dont le profil rappelle les bustes qui nous restent de l’antiquité. Quelques uns ont les cheveux blonds, les yeux bleus, et trahissent une origine étrangère à l’Italie. Il faut se souvenir, en effet, que les colons de Trajan se mêlèrent aux Daces subjugués qui peuplaient le pays. Le nombre des vaincus était d’abord peu considérable, car ils avaient en foule abandonné la Dacie ; mais ils revinrent successivement lorsque cette province eut reconquis la paix sous l’administration impériale. On reconnaît chez les Valaques de notre époque les Daces et les Romains du 2e siècle. Le costume de toile qu’ils portent encore aujourd’hui est celui des Daces dans les bas-reliefs de la colonne