Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/424

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sachant bien que votre sensibilité se traduira en espèces sonores. Si par hasard, ce qui est fort rare du reste, l’aubergiste est de race hongroise, il vous accueille avec dignité, ouvre avec un geste plein de noblesse la porte de la chambre, et, cela fait, retrousse sa moustache, bourre sa pipe et va fumer au soleil. Il ne lui reste plus qu’à s’écrier avec Bertram : L’or est une chimère !

Pour comprendre cette nouvelle espèce d’aubergiste, il faut savoir que ces sortes d’auberges n’appartiennent pas à ceux qui les tiennent. Elles sont la propriété du seigneur. Lui seul a le droit d’en élever dans le village. Il y place un paysan, lequel a pour fonction principale de verser à boire aux habitants. C’est là que les villageois dansent le dimanche : or la danse anime, et dessèche le gosier. Il en résulte que le vin du seigneur trouve un débouché sûr. Les voyageurs sont traités comme accessoire. Ce n’est pas pour eux que l’auberge a été construite, et on leur donne des chambres par condescendance, comme sur les paquebots du commerce. Aussi ne comptez jamais y trouver autre chose que du foin… À la demande de rigueur : « Qu’avez-vous ? » l’aubergiste répond par cette question : « Qu’avez-vous apporté ? » J’oubliais cependant de dire que dans les montagnes où se trouvent les sources minérales on dépose sur la table une bouteille d’eau sulfureuse, ce qui ne laisse pas que d’être fort restaurant. J’oubliais aussi de parler du kakas. Le kakas, il est