Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/432

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tuteur particulier, il entre ensuite au collège d’Enyed, le meilleur qui soit dans le pays ; puis, comme dernière ressource, il va à l’université de Berlin. Sans doute il peut acquérir par là une instruction qui suffirait à d’autres ; mais il lui manque ce que l’on peut appeler l’éducation politique, nécessaire à l’homme qui doit exercer un jour les fonctions de législateur. Dans nos pays on se familiarise de bonne heure avec les affaires, qui se traitent au grand jour, sous nos yeux ; et si la moindre aptitude nous y porte, mille chemins nous sont ouverts pour suivre notre inclination. Là, au contraire, pour arriver au même but, il faut surmonter mille obstacles, car la pensée ne se tourne pas facilement vers des matières auxquelles nulle étude ne vous a préparés. Aussi arrive-t-il trop souvent que, malgré nombre d’années d’études sérieuses, le jeune magnat ignore entièrement ce qu’il eût été indispensable pour lui d’apprendre. Enfin il siège à la diète, où il apporte toujours les meilleures intentions, et souvent une intelligence remarquable ; mais il n’apporte pas autre chose. Certes, pour un homme de cœur et animé du désir d’agir pour le bien, il est douloureux de se voir arrêté par une sorte d’impuissance fatale.

En outre, il faut compter avec un gouvernement hostile et fort, un gouvernement qu’on peut appeler étranger, et qui semble reculer devant toute idée généreuse. Lorsqu’il se rencontre un homme admirablement doué,