Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/449

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struments et s’acquittent fort mal de leur besogne. Rangés en une longue file qui figure dans le paysage une ligne blanche, ces travailleurs se transportent d’un champ dans un autre pour y labourer avec d’autant plus d’insouciance qu’ils n’ont aucun bénéfice à retirer de leurs fatigues. Est il possible qu’avec de telles conditions l’agriculture fasse des progrès, et, avant d’improviser des fabriques qui ne répondent à aucun besoin pressant, n’est-il pas raisonnable de changer un tel état de choses ?

Ce que nous disons ici s’applique surtout aux paysans valaques. Les Hongrois mettent dans leurs travaux une certaine ardeur ; mais les Valaques, et le plus grand nombre des paysans transylvains appartient à cette nation, font preuve de la plus intrépide paresse, alors même qu’ils travaillent pour leur propre compte. L’homme prospère en raison de la somme d’activité qu’il dépense. Cela est si vrai, que la seule vue d’un village indique quelle race d’hommes l’habite. Les villages hongrois ont un air de bien-être qui contraste avec l’aspect misérable des hameaux valaques, bien que les paysans des deux localités cultivent une quantité égale d’un même sol. Les Valaques n’ont guère de besoins. Ils portent des vêtements de toile tissés par leurs femmes, et ils mangent peu, outre que leurs pratiques religieuses les obligent à des jeûnes fréquents. Ces circonstances encouragent leur paresse naturelle, et quoiqu’un petit nom-