Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/45

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Magyarországy, « la Hongrie bénie ». Au retour, quand, après de longues années d’exil, il foule pour la première fois cette terre bien aimée, il se prosterne et la baise.

Le soldat hongrois est intrépide sous le feu. Comme le Français, il est meilleur pour l’attaque que pour la défense ; c’est à cheval qu’il préfère combattre. Avec quel enthousiasme il prenait les armes lorsqu’à l’ombre des bannières nationales il marchait aux Turcs ! La chrétienté doit une reconnaissance éternelle à ce peuple héroïque, qui fut son plus solide rempart. Avant-garde de l’Occident, il arrêta le flot de l’irruption musulmane qui eût englouti cette civilisation dont nous sommes si fiers. Bien que l’Europe, pour la défense de laquelle il s’épuisait, l’ait trop souvent abandonné, ce noble peuple n’en a pas moins conservé les idées de généreux dévoûment qui l’animaient dans ces luttes acharnées, et le jour n’est pas loin peut-être où, reprenant l’épée de Jean Hunyade, il combattra à notre tête une barbarie nouvelle. Lorsque l’empire russe domine comme un colosse une grande partie de notre continent, il faut du courage à ceux qui sont placés dans l’ombre qu’il projette pour lui jeter en face un regard menaçant ; et ce n’est pas sans une émotion profonde que nous nous rappelons les paroles que nous avons entendues en Hongrie. Un écrivain de ce pays, M. Barthélémy de Szemere, s’écriait dernièrement : « Les Magyars, qui ont défendu