Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/47

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lança vers une rivière profonde, et, donnant l’exemple aux siens, se précipita d’une hauteur de soixante pieds. Tous les Hongrois le suivirent. Cette action était si audacieuse, qu’un cri d’admiration partit des rangs de la colonne française : « Ne tirez pas sur ces braves » ! et les fusils se relevèrent.

Le proverbe dit : Lorá termett a’ Magyar, « Le Hongrois est né cavalier », littéralement « à cheval ». Jamais proverbe ne fut plus vrai. Les gens de cette nation passent leur vie à cheval, et ils croient qu’un homme n’est pas un homme s’il n’est cavalier. Les chevaux des paysans, de race tatare, sont petits et maigres ; ils semblent n’avoir que le souffle, et courent avec une rapidité incroyable. Sans fer, souvent sans mors, sans autre harnais qu’une corde qui fait le tour du poitrail, ils frappent impatiemment le sol de leurs sabots. Dès que se fait entendre le ! sacramentel par lequel tout cavalier hongrois commence sa conversation avec ses chevaux, ils partent bravement, levant la tête et agitant les oreilles chaque fois que le maître leur parle. Rarement il les frappe : il se contente de décrire un cercle continuel avec son fouet, qu’il fait tourner lentement au dessus de lui.

Les troupeaux de chevaux qui peuplent les steppes vivent constamment au grand air. Ils sont sous la garde des csikós, c’est-à-dire des plus hardis cavaliers qui existent. L’animal reste plusieurs années à demi-sauvage