Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/51

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pleine de gibier. Vous voulez faire entendre au csikós qu’un seul homme a des droits sur les cerfs qui la parcourent librement, sur ces arbres que la main de la nature a plantés ? Vous êtes un mauvais plaisant ! Le csikós a le droit d’abattre cet arbre, comme il a le droit de s’asseoir à l’ombre. Passe-t-il près d’un haras renommé, il n’hésite pas à faire son choix sans façon. Ces chevaux, en effet, ne paissent-ils pas, depuis leur naissance, dans des prairies ouvertes à tous, sur le grand chemin du monde ; et par quel hasard seraient-ils nés pour l’avantage particulier de tel individu, qui, en ce moment peut-être, est à quatre cents lieues de là ? Défendra qui voudra cette théorie ; mais le moyen d’en vouloir à des gens qui, si vous êtes leur hôte, iront voler pour vous bien recevoir, et qui, sans vous connaître, risqueront demain leur vie pour sauver la vôtre ?

Les statistiques impériales font régulièrement un relevé consciencieux des crimes commis en Hongrie. Il est facile de comprendre que les vols doivent être fort nombreux, et comme celui qui a à se plaindre de quelque délit ne manque jamais d’avertir l’administration, ils sont toujours connus. Après avoir constaté, en observateurs fidèles, que les Hongrois ont l’habitude patriarcale de ne jamais fermer leurs portes, les écrivains officiels disent avec sang-froid que ce peuple est éminemment voleur. Je me demande ce que peuvent conclure ceux qui lisent de pareilles choses. Toutefois il existe en