Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/58

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promène en souverain, tandis qu’à deux jours de là vous rencontrez, comme aux portes de Rome, des champs calcinés où le buffle sommeille paresseusement. Ici les chênes et les sapins ; là du maïs où disparaissent cheval et cavalier ; ailleurs de vertes campagnes, de fraîches vallées, des prairies odorantes ; partout des fleuves qui roulent l’or. En quelques heures on parcourt successivement les montagnes déchirées de Torotzkó, qui donnent du fer, la vallée de la Maros, d’où l’on tire du sel, et le district de Zalathna, où l’or brille dans la boue du chemin[1]. Si on quitte la contrée où abondent les sources minérales, c’est pour en trouver d’autres où l’on extrait l’argent, le cuivre, le plomb, le mercure, le zinc, l’antimoine, l’arsenic, le cobalt, le bismuth. À tous ces métaux joignez-en un autre qui ne se trouve pas ailleurs, le tellure. Parlerai-je de ces mille pierres précieuses qui n’attendent que la main de l’artiste ? Ajoutons que le botaniste, aussi bien que le minéralogiste, trouverait ici matière à écrire tout un livre.

La richesse extraordinaire de ce pays a frappé de tout temps l’imagination de ses habitants. Une antique fable représente la Dacie sous la forme d’une « jeune fée »,

  1. D’après les calculs de M. de Humboldt, l’Europe produirait annuellement de 4 200 à 4 250 marcs d’or, sur lesquels la Hongrie et la Transylvanie figureraient pour 4 100 marcs. En 1836 la Transylvanie seule produisait 3 367 marcs d’or.