Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/98

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de la marée qui monte, le cabinet de Vienne prit l’alarme. Depuis vingt ans il se refusait à convoquer la Diète, bien qu’aux termes de la constitution les États doivent se réunir chaque année. Il avait espéré que les Transylvains perdraient le goût des discussions publiques, comme on abandonne un usage tombé. Il comprit cette fois qu’il y aurait péril à braver l’irritation populaire, et en 1834 les comitats furent invités à envoyer des députés à l’assemblée nationale. En même temps, et comme pour ôter à cette mesure l’apparence d’une concession, il confia les fonctions de commissaire royal près de la Diète au frère du duc de Modène, à l’archiduc Ferdinand d’Este, homme honnête et loyal, mais étranger aux pratiques du gouvernement constitutionnel, et habitué à commander à des soldats.

Comme on devait s’y attendre, les élections avaient été fort libérales. Les premières séances montrèrent tout d’abord l’abyme qui séparait le gouvernement de la Diète. Chaque question soulevait un orage, et l’émotion générale se manifestait avec d’autant plus de vivacité, que la cour se montrait peu disposée à céder. On put prévoir à coup sûr l’issue de cette Diète. Il était évident que le torrent des passions populaires, trop long-temps comprimé, suivrait fatalement son cours jusqu’à ce qu’il se brisât contre quelque formidable écueil.

Pour associer le pays à ses débats, la Diète avait demandé qu’un journal spécial publiât ses séances. Le