Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/221

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les avaient surpris dans le pillage, ils se trouvaient subitement en face d’une forteresse aux épais remparts. La garnison, du haut des murs, les décimait sans peine.

On arrive à Keresd par une route qui est assez bonne, comme toutes celles du pays, quand le ciel le permet. J’étais trop bien disposé à « chercher » le château pour me douter que ce chemin existât ; et d’ailleurs, venant d’Almakerék, j’aurais dû faire, pour l’aller rejoindre, un trop long circuit. Je m’engageai donc dans un sentier de chasseur, rassuré toutefois par deux ornières assez profondes, qui montraient qu’à la rigueur la voie pouvait être carrossable. Un cavalier valaque, venu exprès pour me guider, après avoir examiné dans tous les sens la calèche qui paraissait l’étonner beaucoup, partit en tête, la pipe à la bouche, avec tant d’aisance, que je ne doutai pas de notre heureuse arrivée à Keresd. D’abord le voyage s’annonça bien : nous montâmes pendant trois quarts d’heure, en suivant un chemin vert qui tournait toujours et traversait de jolis bois. Peu à peu le pittoresque diminua ; de grosses pierres se trouvaient insolemment au milieu du chemin, sur lesquelles devaient passer sans peine de petites voitures attelées de bœufs, mais qui nous arrêtaient court. Alors de braves bûcherons qui nous suivaient abattaient à la hâte de fortes branches d’arbres, en plaçaient un bout sous l’essieu, l’autre sur leurs épaules, et pous-