L’hospitalité hongroise est proverbiale. Le temps n’est plus où un seigneur fameux guettait les passants du haut de son habitation, et les forçait de venir s’arrêter chez lui. Mais il est encore exact de dire, aujourd’hui comme au temps passé, qu’on voyage en Hongrie sans connaître les auberges. Il m’est souvent arrivé en Transylvanie, où les mœurs hongroises se conserveront plus long-temps, d’user malgré moi de cette hospitalité d’une façon fort naturelle, disait-on, mais qui me semblait toujours quelque peu indiscrète. Je raconterai à ce sujet mon entrée à Bonyha.
J’étais parti un peu tard de Vásárhely, dont ce village est assez éloigné, en sorte que je n’y arrivai que fort avant dans la nuit. Je croyais bonnement qu’il ne m’était plus permis à cette heure indue de me présenter chez le seigneur, et je donnai ordre qu’on me conduisit dans l'auberge, quelque mauvaise qu’elle fût. Après