Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/60

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

s’en tient pas là : lorsqu’il s’est acquis le nécessaire, il se procure le superflu, et tant qu’il a du profit à espérer, tant qu’il peut exercer son activité et son industrie, il ne recule devant aucune fatigue.

Les Saxons ont donc apporté en Transylvanie les habitudes de travail qui caractérisent la race germanique : aussi prospèrent-ils. À voir leurs villages spacieux, leurs maisons blanches garnies de jalousies vertes, on se croirait en Alsace. Ces champs semés de pommes de terre vous rappellent l’Allemagne, et l’on se demande si l’on n’a pas quitté les frontières de la Turquie, quand on retrouve ces blonds enfants de la Germanie, dans les yeux desquels semblent se refléter les eaux du Rhin. Je cite à dessein les pommes de terre, car cette plante classique est introuvable chez les Hongrois, qui la dédaignent sous prétexte qu’elle est chère « aux Autrichiens et aux cochons ».

Le seul aspect du Saxon dénote non seulement son origine, mais encore ses mœurs et sa manière de vivre. Il n’est pas difficile de reconnaître l’Allemand dans cet homme grand et fort, un peu lourd, à la mine bonne et honnête. Vous devinez également qu’il sait acquérir et apprécier le bien-être, pour peu que vous remarquiez que rien ne manque à son costume. Ses grandes bottes noires, ses culottes de drap, sa veste de peau, sa longue redingote blanche bordée de soutaches noires, sont toujours dans le meilleur état. Il ressemble moins