Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/79

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quie. Des Grecs vifs et agiles heurtent sur les promenades de graves personnages en longues robes de soie, qui fument avec dignité dans de grandes pipes. Pendant la belle saison, les boyards qui vont prendre les eaux en Transylvanie y séjournent en passant, chacun avec une suite nombreuse. Les différents costumes de ces hôtes, que les affaires ou les plaisirs amènent à Cronstadt, donnent à la ville une physionomie orientale ; et l’on vous sert des doulchasses, du café turc et des paloukès, sous un kiosque aéré, au bruit d’une fontaine jaillissante.

La population de Cronstadt est évaluée à trente mille habitants : on la dirait plus considérable. Il y a au milieu de la ville un marché animé, où la foule va et vient sans cesse, et qui, dans les temps de foires, doit offrir un coup d’œil des plus variés. Je fis mon entrée à Cronstadt à la façon des triomphateurs romains, précédé d’une musique bruyante, et suivi d’un cortège de peuple. Un jongleur dalmate marchait devant nous, conduisant une voiture fermée, d’où l’on entendait sortir, malgré les efforts de l’orchestre, mille cris confus. Quand il eut rassemblé assez de monde, il s’arrêta. En un instant la rue fut obstruée. Le Dalmate exhiba de sa voiture une quantité de singes, de perroquets, d’oursons et de chiens savants, qu’il lança dans toutes les directions, pour le plus grand bonheur des curieux qui le pressaient avec de grandes démonstrations de joie.