Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome IX.djvu/230

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parle donc, et nous, écoutons ses paraboles et ses énigmes.
5. « Combien de merveilles nous avons entendues et apprises, combien d’événements nous ont racontés nos pères[1] ! ». C’est le Seigneur qui a parlé plus haut ; à qui en effet attribuer ces paroles : « Écoutez ma loi, ô mon peuple ? » Comment donc est-ce un homme qui parle tout à coup ? Car voici le langage d’un homme : « Combien de merveilles nous avons entendues et apprises, combien d’événements nous ont racontés nos pères ! » Ou plutôt, c’est Dieu qui, voulant parler par l’entremise d’un homme, ainsi que l’a dit l’Apôtre : « Voulez-vous éprouver la puissance du Christ qui parle par ma bouche[2] ? » c’est Dieu, dis-je, qui a lui-même parlé tout d’abord, de peur qu’on ne méprisât un homme, si un homme venait à parler. Telle est en effet la parole divine, qu’elle s’insinue par les sens de notre corps c’est le créateur qui stimule, par une action invisible, la créature qui lui est soumise mais ce n’est point sa substance qui se change en quelque chose de corporel ou de temporel, afin de se servir de signes matériels et palpables, qui puissent agir sur les yeux et sur les oreilles, pour manifester sa volonté, autant que des hommes la peuvent comprendre. Si un ange peut se servir de l’air, d’un nuage, du feu, ou de quelque autre nature ou apparence qui ait du corps, si l’homme peut, au moyen d’un regard, d’un mot, de la main, d’une plume, de lettres, ou par tout autre signe, indiquer les secrets de son cœur ; et même si, tout homme qu’il est, il peut avoir pour messagers d’autres hommes, s’il dit à l’un : Allez, et il va ; à l’autre : Venez, et il vient ; et à son serviteur : Fais ceci ; et il le fait[3] : avec quelle puissance, et quelle efficacité bien plus grande, le Seigneur à qui tout est soumis, ne pourra-t-il pas se servir d’un ange ou d’un homme pour annoncer ce qu’il lui plaît. C’est donc un homme qui dit : « Combien de merveilles nous avons entendues et apprises, combien d’événements nous ont racontés nos pères ! » Et néanmoins nous devons écouter ces paroles comme celles de Dieu, et non comme des fables humaines. C’est pour cela que Dieu a commencé à dire : « Écoutez ma loi, ô mon peuple, inclinez l’oreille aux paroles de ma bouche. J’ouvrirai la bouche en paraboles, je dirai les énigmes depuis le commencement. Combien de merveilles », répond le Prophète, « avons-nous entendues et apprises, combien d’événements nous ont racontés nos pères ! » « Nous avons entendu et appris », dit le Prophète ; ainsi dit-il ailleurs : « Écoute et vois, ô ma fille[4] ». Ce qui a été entendu dans l’ancienne loi, est compris dans la nouvelle : entendu quand se faisait la prophétie, comme quand elle s’accomplissait. Accomplir la promesse, c’est ne point tromper ceux qui l’ont écoutée. « Combien d’événements nous ont racontés nos pères », Moïse et les Prophètes.
6. « Ils n’ont pas été cachés à leurs enfants, de génération en génération ». Ce qui est génération pour nous, c’est la naissance spirituelle qui nous a été donnée. « Ils annonçaient les louanges du Seigneur, ses grandeurs, et les merveilles qu’il a faites[5] ». Le sens des paroles est celui-ci : « Nos pères nous apprenaient ces merveilles, en publiant les louanges du Seigneur ». Nous louons Dieu afin de l’aimer. Quel amour est plus avantageux ?
7. « Il a suscité un testament en Jacob, et établi sa loi en Israël[6] ». Tel est le commencement dont il a été dit : « Je dirai les énigmes depuis le commencement ». L’Ancien Testament est donc le commencement, et le Nouveau est la fin. C’est la crainte qui domine dans la loi, et « le commencement de la sagesse, c’est la crainte du Seigneur[7] ». « Or, la fin de la loi est le Christ qui doit justifier ceux qui croiront[8] ; c’est par sa grâce que la charité a été répandue dans nos cœurs, par le Saint-Esprit qui nous a été donné[9], et la charité parfaite bannit toute crainte[10], puisque c’est en dehors de la loi, que la justice de Dieu est manifestée aujourd’hui. Mais comme la Loi et les Prophètes lui rendent témoignage[11] », c’est pour cela que « Dieu a établi un témoignage en Jacob, et donné sa loi en Israël ». Aussi ce tabernacle dont la construction était une œuvre si admirable et pleine de si grandes figures, a-t-il été appelé tabernacle du témoignage[12]. C’est là qu’était le voile qui cachait l’arche de la loi, comme le ministre de la loi avait aussi un

  1. Ps. 77,1
  2. 2 Cor. 13,3
  3. Lc. 7,8
  4. Ps. 44,11
  5. Id. 77,4
  6. Id. 5
  7. Id. 110,10
  8. Rom. 10,4
  9. Id. 5,5
  10. Jn. 4,18
  11. Rom. 3,21
  12. Exod. 40,2